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12 février 2018 à 11:23

Corinne BOUCHARD - Le Championnat à Guérigny

Comme l'an dernier, Corinne BOUCHARD, conseillère départementale, est une fidèle spectatrice de notre championnat.

Comme l'an dernier, cette grande dame nous fait le plaisir d'écrire son ressenti sur la compétition. Texte criant de vérité et de passion.

A vous de lire :

Choses vues : le championnat de gymnastique de Guérigny,  3 et 4 février 2018

 

SAMEDI

 

J'aime bien rencontrer des gens dont les yeux brillent, parce qu'une passion sympathique les habite et qu'elle va s'épanouir toute une journée, brûlant à l'air libre comme un feu de plein vent.

C'était le cas ce week-end à Guérigny, où se tenait le championnat de gymnastique de la Nièvre. Vendredi, le gymnase du site des Forges était vide et nu. A 17h, les bénévoles arrivaient, et samedi, tout était en place : le grand praticable, la piste gonflable pour le tumbling, les agrès, les tables des juges, les chaises des spectateurs et la buvette.

L'innovation, cette année, c'était le passage en groupe : au lieu des prestations individuelles, toute une équipe se présente à l'appréciation des juges. Cela permet des portés, des figures à deux, des chorégraphies, une occupation de l'espace et un sens du timing  impressionnants : quand une demi-douzaine de jeunes gymnastes  se succèdent à cadence rapide au saut de cheval, on s'ébahit de les retrouver à la fin toutes sagement rangées devant le jury : quoi, pas de heurt, pas de bosse, pas d'accident ? Mais comment font-elles ? 

 Avec le "team gym", les timides, les vacillants, ceux et celles qui n'oseraient peut-être pas concourir à titre individuel trouvent dans l'amitié le courage de se lancer sur la surface traitreusement élastique du praticable. Au sein d'un groupe se mêlent débutants et aguerris, montrant qu'une équipe n'est pas une juxtaposition de niveaux différents, mais une synergie dont le total est supérieur à la somme des parties.

Ainsi, venue de Cosne, il y avait une équipe adulte mixte. Et dans un monde où "l'âgisme" est bien une des discriminations les plus féroces et les moins dénoncées, c'était un plaisir de les voir, en justaucorps noir, illuminés d'un sourire heureux et confus, courir comme des gosses pour prendre leur essor sur le tremplin.

*   *   *

DIMANCHE

On dit qu'il faut tout un village pour élever un enfant. Mais combien de gens faut-il pour mettre cet enfant en mesure de réaliser des prouesses ? Je les recense, tandis que s'échauffent les gymnastes qui concourent - pardon, matchent en ce dimanche après-midi : les membres des associations sportives, les juges qui passent deux jours à évaluer les performances, les fidèles venus soutenir l'équipe de leur cœur. Les uns ont installé les agrès, les autres préparé des gâteaux, tous donnent ces trésors plus précieux que l'argent : leur temps et leur dévouement. Les championnes en herbe mesurent-elles ce qu'elles doivent aux bénévoles discrets ? Il est vrai qu'elles offrent en retour un spectacle à la hauteur de tant de peine. Quelques souplesses avant et arrière sur la poutre vous feraient plaisir ? Voici. Un équilibre parfait au sommet des barres asymétriques ? Ça va de soi. Et vous prendrez bien un petit enchaînement de rondade, salto et vrille pour finir ? Celui-là, je vous le recommande : pour le réussir, il faut de la vitesse ; aussi, tandis que nous autres spectateurs restons bouche bée, ses coéquipières encouragent l'acrobate prenant position dans la diagonale du praticable d'un "Aaalleeez !" musical qui coïncide exactement avec la course d'élan.

 On n'acquiert pas une telle maîtrise sans un entraînement assidu, et les jeunes gymnastes savent ce qu'elles doivent à leur coach. Ce lien éclate dans tous les échanges et signes qui forment le fond de la langue sportive, depuis les ultimes conseils chuchotés avant le passage jusqu'au check à deux mains après le salut au jury, geste rituel scellant l'union indéfectible entre l'élève et son mentor. Ainsi se tisse  une relation d'apprentissage essentielle, fondée sur la confiance réciproque. Ici les corps sont sans armure, les têtes sans casque : il faut des nerfs solides pour enseigner tant de sauts périlleux à l'impétueuse jeunesse. Le plus frappant chez celles qui ont cette audace, c'est leur sens inné du placement, sur le plan physique comme sur le plan psychologique : elles sont toujours à la bonne distance, assez près pour parer d'une main ferme tout risque de chute, assez en retrait pour que l'enfant sûre de ses ailes ose s'envoler seule, très haut, d'une impulsion de ses pieds intrépidement nus.

 

Corinne Bouchard, conseillère départementale du canton de Guérigny "  

 

 

 

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