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9 février 2017 à 11:13

Retour sur le Championnat Départemental par Corinne BOUCHARD, conseillère départementale du Canton de Guérigny

Choses vues : le championnat départemental de gymnastique à Guérigny (28-29 janvier 2017)

Avant d'assister au championnat départemental de Guérigny, les 28 et 29 janvier 2017, je ne croyais pas à la métempsycose. Mais il faut se rendre à l'évidence : les jeunes gymnastes que j'ai vues ont été chattes, anguilles, gazelles dans des vies antérieures. Comment expliquer autrement le mélange de grâce, de force, de souplesse et de vitesse qui leur permet de traverser le tapis en trois cabrioles aériennes, de sauter d'un bond sur la poutre pour  y faire la roue, d'enchaîner quelques pirouettes aux barres asymétriques et de voltiger au dessus du cheval comme si la loi de la pesanteur ne s'appliquait pas à elles ?

Pour être précis, ce ne sont pas des cabrioles ni des pirouettes. Apitoyées par mon ignorance du vocabulaire élémentaire, Mme Frémion et Mme Chervet, présidente et vice-présidente du comité départemental de gymnastique de la Nièvre, m'ont expliqué les différences notables qu'il y a entre un salto avant (saut périlleux en avant), un flip (saut en arrière, en posant les mains), une  roue et une rondade, où on se réceptionne sur les deux pieds simultanément, ce qui permet de repartir aussitôt en arrière. Si on en est capable, bien entendu. Pour nous autres du commun des mortels, qui saurions à peine faire une roulade sans finir aux urgences, courir trois pas, tourner en l'air sur soi-même et retomber sur ses pieds sans même paraître essoufflée est pure féerie.

Des fées, elles ont les longs cheveux, les longues jambes nues, les reflets irisés : leurs maillots, parcourus de fils métallisés, miroitent comme des ailes de papillon. Quelquefois, la magie leur fait défaut : le tour rate,  elles trébuchent ou tombent de la poutre, dépitées comme des chatons qui ont mal calculé leurs premiers sauts. Mais ne vous inquiétez pas : des chatons, elles ont aussi la détermination qui vous fait recommencer encore et encore, jusqu'à pouvoir grimper au plus haut des cimes (les chatons), et réussir comme qui badine son enchaînement salto-flip-vrille de sortie (les gymnastes).

Rude école, fière discipline. On ne reste pas sur un échec. Voilà qui demande, non seulement des qualités physiques, mais de la force de caractère. L'une d'elles, toute charmante, s'arrête au milieu de sa prestation, et pleure. Navrée pour elle, je crois qu'elle va abandonner : non. Elle essuie ses larmes, reprend où elle s'était arrêtée, exécute ses sauts miraculeux et se fige devant le jury, sous les applaudissements de ses amies. 

Car l'esprit d'équipe est manifeste dans cette compétition individuelle. Quand l'une ou l'autre se lance sur le praticable, on entend des cris où s'égrène un joli chapelet de prénoms : "Vas-y Pauline !...  Vas-y Maëva !... Vas-y Chloé !" ... Et quand l'une ou l'autre vacillait sur la poutre, en danger de perdre l'équilibre, j'avais bien envie de crier aussi : "Serre ! Serre !"

L'esprit d'équipe, l'esprit sportif au sens noble du mot, je l'ai senti qui animait les organisateurs et organisatrices de ce championnat. On ne rassemble pas une dizaine de clubs disséminés dans toute la Nièvre sans un gros travail en amont. La ville de Guérigny prête gracieusement le gymnase. Encore faut-il y installer les agrès et l'immense praticable qui appartient au comité départemental et vaut à lui seul une fortune.  (On me dit que le conseil départemental a contribué à cet achat. Bravo. Voilà de l'argent public bien employé.)

Parmi les adultes qui encadrent la manifestation, il y a d'anciennes gymnastes, des parents de gymnastes, des bénévoles pas plus gymnastes que vous et moi (moi, disons), certains d'allure sportive, d'autres non, mais tous rayonnant de la bonne énergie qui émane des athlétiques petites fées. On ne peut pas les voir, ces virevoltantes créatures, sans être émerveillé. Si on a la tête à rêver, on peut même en tirer une leçon : quand un obstacle vous barre la route, lourd et encombrant comme un cheval tombé, ne vous désolez pas, n'essayez pas de le pousser : prenez votre élan, courez, et en trois cabrioles, passez par dessus d'un saut léger.

 

Corinne Bouchard, conseillère départementale du canton de Guérigny

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